En Australie Agriculture biologique : la machine est en route
Les enjeux de l’agriculture biologique sont d’abord écologiques avec l’adoption de pratiques durables, essentielles pour maintenir des activités de production. En Australie comme dans les régions de la planète où l’écosystème est fragilisé. L’amélioration de la qualité de vie n’est pas partout la priorité. Un article extrait de Terre-net Magazine n°37.
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En Australie
Peter et Lisa Wippell, polyculteurs-éleveurs à Monto (Queensland)
L’avenir de l’agriculture sera biologique
« L’avenir de l’agriculture australienne repose sur le retour à l’agronomie et sur l’agro-écologie. »
Convertis en bio depuis 2009, Peter et Lisa Wippell, polyculteurs-éleveurs sur 2.000 ha à Monto, regrettent que ce point de vue ne soit pas davantage partagé par les agriculteurs du Queensland. Mais la machine est en route. Selon eux, l’avenir de l’agriculture australienne ne peut être qu’écologique et biologique. Pas seulement pour des raisons idéologiques mais par pragmatisme, car sa pérennité dépend forcément de l’adoption de mesures de conservation et de protection des sols pour préserver leur fertilité. Enfin, les produits bio sont en phase avec la demande des consommateurs. Le secteur est porteur en Australie puisqu’il représente un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de dollars australiens, avec un taux de croissance estimé entre 10 et 25 % selon les circuits de distribution.
Fidèles à leurs convictions
« En regardant des champs convertis en bio, qui pourrait encore douter des atouts de l’agriculture biologique ? Les techniques culturales bio sont favorables à la structure du sol et renforcent le taux de matière organique, ce qui est indispensable au maintien d’un taux d’humidité satisfaisant », assurent Peter et Lisa.
Pourtant, de nombreux éleveurs australiens restent encore persuadés qu’il suffit de raser et de brûler la végétation arbustive et arborée pour renouveler les prairies et avoir de l’herbe en abondance. Or ces pratiques détruisent le potentiel de production des terres au lieu de le régénérer. Mis à nu, les sols ne retiennent plus l’humidité en période de pluies et la végétation a beaucoup de mal à se regénérer. Les paysages, jonchés d’arbres calcinés ou couchés, laissent penser qu’une tornade dévastatrice est passée. Par rapport aux plaines qui l’entoure, vouées aux grandes cultures, l’exploitation de Peter et de Lisa est un îlot de verdure, composé d’une flore et d’une faune riches. Une biodiversité sauvegardée puisqu’ils produisent eux-mêmes leurs semences fourragères. Un couvert végétal permanent réduit l’érosion des sols et la lixiviation de l’azote et retient également les nutriments. Enfin, grâce à l’absence d’utilisation de produits chimiques, la qualité de l’eau est exceptionnelle.
Conduisant un modèle de production respectueux de l’environnement, Peter et Lisa sont fidèles à leurs convictions. Ils élèvent 850 bovins viande pour l’exportation et 250 porcs vendus localement, l’Australie n’exportant pas de porcins.
Malgré son succès incontestable auprès des consommateurs australiens, l’agriculture biologique reste une niche, comme dans les autres grands pays agricoles, avec des produits très bien valorisés. Un jeune bœuf de 30 mois (260 à 280 kg) est vendu 465 dollars australiens comparé à 290 dollars pour des animaux similaires en élevage conventionnel. Mais élever des jeunes bovins bio génère d’importants coûts de production puisque le recours aux antibiotiques est limité. La mortalité est aussi plus forte. Ainsi, le revenu par animal est presque identique à celui dégagé en conventionnel. Mais il est plus régulier, la demande soutenue pour les produits biologiques n’étant pas soumise aux aléas conjoncturels.
Multiplier par deux la production de porcs
Les 250 porcs produits sur la ferme s’inscrivent dans la même dynamique écologique et biologique. Commercialisés frais en circuit court, ils font la réputation du couple d’éleveurs sur les marchés, dans les supermarchés et auprès des restaurateurs, de plus en plus de consommateurs australiens optant pour des produits de qualité.
Puisque les porcs sont appréciés des clients et sécurisent les revenus de l’exploitation, Peter et Lisa projettent de doubler la production pour abattre 500 animaux par an. Ils ont aussi l’intention de construire un laboratoire de transformation pour fabriquer davantage de sortes de charcuterie. En créant de la valeur ajoutée sur la ferme, les éleveurs, âgés de 45 et 43 ans, pensent trouver les ressources nécessaires pour installer leurs enfants.
En France
25.000 agriculteurs bio au 1er semestre 2013
En 2013, le bio a continué à tirer son épingle du jeu en France malgré la morosité du marché alimentaire selon l’Agence bio, qui rend compte plusieurs fois par an de l’évolution de la production, de la transformation et de la commercialisation des produits issus de l’agriculture biologique.
Le marché bio, « multiplié par deux en cinq ans, a poursuivi son développement en 2013 avec une croissance au moins équivalente à celle de 2012 et un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros, contre 4,1 milliards un an auparavant ».
Toujours selon l’Agence bio, la barre des 25.000 producteurs bio ou en conversion a été franchie au 1er semestre 2013 et la surface agricole certifiée a progressé de 12 % pour atteindre 1,03 Mha, dont 855.600 ha certifiés biologiques et 177.300 ha en conversion. Les parcelles conduites en bio représentaient fin 2012 plus de 3,7 % de la sole agricole française.
En tête des régions françaises converties à l’agriculture biologique : Rhône-Alpes avec 2.704 exploitations bio (+ 6 % par rapport à 2011), talonnée par le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. En ajoutant Paca et Aquitaine, ces cinq régions regroupaient plus de la moitié des fermes françaises bio et 49 % des surfaces.
Doubler les surfaces en bio d’ici 2017
Les deux tiers des superficies bio étaient couvertes de prairies ou dédiées aux cultures fourragères et 20 % étaient cultivées de céréales et d’oléoprotéagineux. Le nombre d’élevages et de troupeaux certifiés bio et en conversion a également augmenté. Toujours fin 2012, la part d’animaux élevés en bio dans le cheptel national variait de 0,7 % pour les porcins à plus de 7 % pour les poules pondeuses et même jusqu’à 11 % pour l’apiculture (nombre de ruches). On dénombrait 117.000 vaches laitières et 107.000 vaches allaitantes bio ou en conversion, soit 8 % du cheptel bovin français. En ovins, les 200.000 brebis représentaient 7 % du troupeau national.
Le plan Ambition bio 2017, présenté le 31 mai 2013 par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, prévoit de doubler la surface agricole convertie en bio d’ici quatre ans. Pour ce qui est de la réforme de la Pac après 2015, les agriculteurs bio toucheraient les aides du premier pilier comme n’importe quel autre exploitant. Auxquelles s’ajoutent celles du second pilier qui relèvent spécifiquement de l’agriculture biologique
Source : FranceAgriMer
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